QUEERPANORAMA // présenté par l’association Rainbow Screen !

QUEERPANORAMA // présenté par l’association Rainbow Screen !

vendredi 28 novembre 20:00
Utopia Montpellier - Sainte Bernadette, RainbowScreen
5 avenue du Dr Pezet, 34090 Montpellier, France
5 Avenue du Docteur Pezet, 34090 Montpellier - Montpellier
La séance du vendredi 28 Novembre à 20h sera présentée par l’association Rainbow Screen !

QUEERPANORAMA

Écrit et réalisé par JUN Li - Hong Kong / USA 2025 1h27mn -

Queerpanorama, quel titre intriguant ! Alors que le premier plan montre le bord d’une plage, c’est bien au cœur de Hong Kong que se déroule l‘histoire, notre protagoniste sans nom, qui sera crédité « I », que l’on traduira par « moi » ou « je ». Ce personnage, très justement interprété par Jayden Cheung, rencontre des hommes pour partager des plaisirs charnels. Au fur et à mesure qu’il rencontre ses amants, I se met à mentir sur son identité. Pour se présenter à son nouveau coup d’un soir, il utilise le nom et le métier du précédent. Prenez garde, le scénario est d’une simplicité trompeuse : ce qui pourrait être une ordinaire répétition narrative est en fait une façon singulière d’explorer ce que signifie « être soi ». Queerpanorama excelle dans sa capacité à faire ressentir ce qui se joue sous la surface. Le protagoniste, en imitant ses anciens partenaires, ne cherche pas simplement à tromper : il cherche à se retrouver, à se tester, à voir jusqu’où il peut pousser les frontières entre l’être et le paraître.
Le film traite ses personnages avec délicatesse, il ne hurle pas sa thématique, il la susurre, l’explore dans des scènes longues, parfois silencieuses, parfois chargées d’émotion, toujours attentives à la texture des corps, à la parole hésitante, à la distance entre ce que l’on montre et ce que l’on ressent. Derrière cette discrétion, l’émotion affleure. Impossible de rester spectateur détaché, on est invité à ressentir l’instabilité du personnage, son désir de connexion. Le film ose ces zones grises, ces marges, ces flottements, et c’est précisément là qu’il trouve sa force.

Au-delà de l’histoire personnelle de I, Queerpanorama ouvre des pistes de réflexion : comment chaque relation invite-t-elle à une métamorphose de l’identité ? Est-ce une stratégie de survie, ou au contraire une façon de se vider de soi ? Dans une culture de l’apparence, où les applications de rencontres et les connexions rapides deviennent normatives, quelles libertés reste-t-il aux désirs, aux corps, aux histoires qui ne ressemblent pas à des modèles ? Jun Li ne propose pas de réponses toutes faites : il met en scène, il filme, il suggère. C’est une invitation à s’interroger. Et c’est ce qui rend ce film enthousiasmant ! Il ne se replie pas sur l’auto-célébration identitaire, mais met en mouvement la question des identités nous portons (consciemment ou non) dans nos relations, nos corps et nos désirs.

Le jeune réalisateur a eu des difficultés à trouver des financements car le film échappait aux catégories marketing traditionnelles. Il ne correspond pas à ce que l’on attend d’un film hongkongais, et pour un film queer américain, il paraît trop existentiel… Mais Jun Li ne s’est pas censuré et a su rester authentique. Il ne dissimule pas que sa vie personnelle a beaucoup influencé le scénario, il souhaitait écrire sur les personnes qu’il avait lui-même rencontrées le temps d’un soir et avec qui il a finalement créé une amitié queer singulière, qui n’existe qu’entre hommes gays. Car attention aux préjugés ! Évidemment qu’il existe des gens sur les applications de rencontres qui traitent leur partenaire sexuel comme des morceaux de viande, et ce, quelle que soit leur sexualité. Mais parfois, il y a aussi un échange, de la tendresse, du réconfort, comme ce sexagénaire veuf qui ne se sent pas prêt pour de nouvelles relations sexuelles… Parce qu’il ne fuit ni l’érotisme, ni l’inconfort, ni la complexité, Queerpanorama est un film aborde la question de l’identité queer non pas en tant que simple thème, mais en tant qu’expérience vivante, incarnée, complexe. C’est un film à la fois sensuel et méditatif, visuellement audacieux et émotionnellement subtil… Il nous rappelle que parfois, ce n’est pas dans la réponse que se situe la vérité, mais dans la manière de poser la question.